Le casse du siècle
Ce 25 juin, les propositions définitives de la commission Copé consacreront le « casse du siècle ».
Mais pouvait-il en être autrement ? Bien entendu, non ! La commission a donc tranché : d’un côté elle maintient la perfusion économique en faveur des producteurs privés, augmente l’oxygène financier pour le secteur privé de la télévision (TF1, M6, les opérateurs TNT etc.), prépare le terrain des télécoms avec le dividende numérique tandis que de l’autre, elle programme l’asphyxie économique du service public par le tarissement progressif de la ressource financière et la remise en cause du périmètre.
En effet, même si l’on fait abstraction des blocages de Bruxelles sur les nouvelles taxes, même si l’on fait l’impasse sur les équilibres budgétaires de l’INA et de RFI, même si on ne revient pas sur l’amputation du fond de réserve des retraites auxquelles sont affectées les ressources radioélectriques ces propositions entérinent un seul fait : un sous-financement d’au moins 300 millions d’euros par an. Curieux comme démarche lorsque l’on sait que le gouvernement a justifié sa réforme en évoquant le sous financement chronique de l’audiovisuel public.
Propositions de la Commission Copé :
210
300
80
60
35
300,5
Total 2012 à compenser : 985,5 M d’euros (*)
(*) 985,5 M d’euros = total publicité budget 2008 : 730,5 M (hors parrainage et pub régions et DOM TOM) + besoin de financement des programmes de remplacement : 190 M + inflation des droits des programmes : 65 M
Mais pour faire bonne mesure…
Il faut ajouter à ce calcul, le déficit qu’aura déjà occasionné l’annonce intempestive du président de la république. Il est estimé à 93M€ et correspond au retard pris sur la recette publicitaire au 30 juin. Sur la pente des 25%, celui ci pourrait conduire en fin d’année, à une perte sèche de 200M€.
Enfin, comme un malheur n’arrive jamais seul, « l’effet seconde coupure » ne saurait se faire attendre. Autorisé par simple décret, ce sont 100M€ supplémentaires qui pourraient être transférés au privé. Dans ce cas, France Télévisions pourrait finir l’année 2008 avec un « trou » de 300M€. Les 150M€ promis par la commission, si toutefois ils sont versés n’en couvriraient donc que la moitié...
On l’aura compris, on est loin, très loin de la compensation « à l’euro près » promise par M.Sarkozy.
Boire la coupe jusqu’à la lie
Pour en finir avec cet incroyable hold-up, France télévisions devra impérativement économiser 140M€ supplémentaires par an pour financer ses développements. Ce chiffre est insensé tellement il est considérable.
Sur ce point précis, l’ensemble des entreprises du groupe est déjà fortement impacté par la « gestion de précaution » mise en œuvre depuis l’annonce et dont les effets se font durement sentir dans tous les secteurs. Amplifier cette politique d’économie ne peut conduire qu’à la réduction du périmètre et des effectifs.
Quant aux 40M€ attendus de la diversification, ils sont d’autant plus hypothétiques que tout est fait pour que les producteurs privés puissent bénéficier d’avantages accrus. Les nouvelles obligations vont ainsi leur permettre d’engranger 100 Millions d’euros supplémentaires par an, rien que pour France 3 !
Gare à la syn…cope
C’est cela qui menace la télévision publique. Tous les ingrédients de la crise financière et sociale sont maintenant réunis. Sans aucune rationalité économique, en supprimant la publicité sur les chaînes publiques, le pouvoir en place sera parvenu à démolir un outil de travail public exemplaire. Ceci au seul profit d’intérêts privés.
Paris, le 25 juin 2008
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