La belle endormie
Comme une vieille dame assoupie, la structure tout entière des halles Boulingrin semble se réveiller d’une longue période hivernale. « Enfin, on s’occupe de moi », nous murmure-t-elle à l’oreille avec timidité, sans doute par peur que l’on change d’avis. La vieille dame se pare de ses plus beaux atours comme pour séduire une dernière fois son amant qui l’a tant délaissée.
Grâce à l’initiative courageuse de deux entités rémoises, Prisme et La Salle d’Attente, l’édifice le plus controversé de notre ville s’habille de couleurs rayonnantes[1] comme pour s’accorder le top départ d’une seconde vie.
Elle se sent revivre grâce à Georges Rousse qui la bichonne, la lustre et la caresse de ses pinceaux de soie blanche. Simon, Pierre-Guillaume, Virginie, Lisa et François, cinq étudiants de l’Ecole supérieure d’art et de design de Reims, sont là pour l’aider dans son labeur. Ils en sont fiers et le disent : « Je me suis jetée sur l’occasion », affirme Lisa. C’est vrai que leur maître d’art est l’un des plus sollicités pour ses interventions dans le monde, et ils en sont conscients.
D’abord passionné d’architecture et de photo, Georges Rousse allie vite ces deux arts pour les concilier dans un savant mélange en les catalisant par des pigments déposés sur les structures de monuments destinés très souvent à la destruction.
La construction et la pérennité de son intervention se font à travers l’objectif de son appareil photo. Tout d’abord pour l’élaboration du projet, grâce à l’image numérique, ensuite comme point de fuite pour le traçage des différentes géométries de son œuvre, et en final pour l’enregistrement.
Anamorphose[2], toute la splendeur de l’œuvre se révèle sur un seul et unique point de vue, les autres vous démasquant les secrets de sa construction. Véritable performance visuelle, les couleurs acryliques mates deviennent transparentes, comme si des gélatines chromatiques étaient placées entre votre œil et la scène photografiée.
Résultante d’un travail de chantier, l’image fixée par l’appareil dévoile toute son importance artistique, comme si elle sortait d’une boîte magique. Votre œil vous trahit alors que l’image vous semble si singulière. Son apparence si apaisante et sereine vous stimule l’hypothalamus comme le ferait un anti-dépresseur face aux excès d’états d’âme.
Il est toujours très difficile de décrire avec des mots quelque chose de visuel, comme de donner l’odeur d’une musique ou le goût d’une couleur. C’est pourquoi on va au restaurant pour se stimuler les papilles et aux halles Boulingrin pour voir le travail de Georges Rousse ! Reims, la belle endormie, cela te concerne.
Pour la conclusion, j’ai demandé à Georges Rousse de s’adresser aux Rémois, genre « je vous aime ». Il m’a fixé d’un œil inquisiteur, se demandant le degré de la question. Après un moment de silence et le regard grave, il m’a dit : « Je pense que ce lieu mériterait une destinée digne de cette architecture et de ces volumes exceptionnels. J’aimerais que l’art y soit présent d’une façon permanente et que cela subsiste à mon intervention plus qu’éphémère. »
Je n’en attendais pas moins de sa part. Il est vrai que ce haut lieu de l’architecture art déco risquerait fort de retourner vite à l’anonymat si sa destinée se résumait à y vendre des fruits et légumes. Pour une fois, on ne pourra pas m’accuser d’avoir induit une réponse à ma convenance.
Maintenant, il faut attendre que la nouvelle municipalité entreprenne les travaux de réfection tant espérés..
Umberto Bertozzi
Comuniqué de la municipalité.
Le projet Hall Boulingrin
La Ville de Reims et l’Etat se sont engagés, dans le cadre d’une convention-cadre signée le 13 Avril 2007, à financer conjointement la réhabilitation de ce bâtiment. Les engagements de chacun ont par ailleurs été précisés, notamment le déroulement des études de conception sous la maîtrise d’ouvrage de l’Etat, suivi de la réalisation des travaux sous la maîtrise d’ouvrage de la Ville de Reims.
Le projet de réhabilitation des Halles du Boulingrin est ainsi réalisé afin :
- d'accueillir un marché de détail non sédentaire sous la voûte, destiné aux commerçants alimentaires et fleuristes,
- d'organiser ponctuellement des manifestations sportives, culturelles ou événementielles sous la voûte, soumises aux contraintes acoustiques et thermiques du lieu ainsi qu’aux horaires de montage et de démontage du marché,
- de recevoir des zones d'expositions temporaires sur les mezzanines,
- de proposer à la location des boutiques situées rue du temple à des commerçants permanents.
[1] Reims ville art gothique rayonnant
[2] Une anamorphose est une image déformée qui retrouve ses proportions d'origine quand on la regarde sous un certain angle
Comme une vieille dame assoupie, la structure tout entière des halles Boulingrin semble se réveiller d’une longue période hivernale. « Enfin, on s’occupe de moi », nous murmure-t-elle à l’oreille avec timidité, sans doute par peur que l’on change d’avis. La vieille dame se pare de ses plus beaux atours comme pour séduire une dernière fois son amant qui l’a tant délaissée.
Grâce à l’initiative courageuse de deux entités rémoises, Prisme et La Salle d’Attente, l’édifice le plus controversé de notre ville s’habille de couleurs rayonnantes[1] comme pour s’accorder le top départ d’une seconde vie.
Elle se sent revivre grâce à Georges Rousse qui la bichonne, la lustre et la caresse de ses pinceaux de soie blanche. Simon, Pierre-Guillaume, Virginie, Lisa et François, cinq étudiants de l’Ecole supérieure d’art et de design de Reims, sont là pour l’aider dans son labeur. Ils en sont fiers et le disent : « Je me suis jetée sur l’occasion », affirme Lisa. C’est vrai que leur maître d’art est l’un des plus sollicités pour ses interventions dans le monde, et ils en sont conscients.
D’abord passionné d’architecture et de photo, Georges Rousse allie vite ces deux arts pour les concilier dans un savant mélange en les catalisant par des pigments déposés sur les structures de monuments destinés très souvent à la destruction.
La construction et la pérennité de son intervention se font à travers l’objectif de son appareil photo. Tout d’abord pour l’élaboration du projet, grâce à l’image numérique, ensuite comme point de fuite pour le traçage des différentes géométries de son œuvre, et en final pour l’enregistrement.
Anamorphose[2], toute la splendeur de l’œuvre se révèle sur un seul et unique point de vue, les autres vous démasquant les secrets de sa construction. Véritable performance visuelle, les couleurs acryliques mates deviennent transparentes, comme si des gélatines chromatiques étaient placées entre votre œil et la scène photografiée.
Résultante d’un travail de chantier, l’image fixée par l’appareil dévoile toute son importance artistique, comme si elle sortait d’une boîte magique. Votre œil vous trahit alors que l’image vous semble si singulière. Son apparence si apaisante et sereine vous stimule l’hypothalamus comme le ferait un anti-dépresseur face aux excès d’états d’âme.
Il est toujours très difficile de décrire avec des mots quelque chose de visuel, comme de donner l’odeur d’une musique ou le goût d’une couleur. C’est pourquoi on va au restaurant pour se stimuler les papilles et aux halles Boulingrin pour voir le travail de Georges Rousse ! Reims, la belle endormie, cela te concerne.
Pour la conclusion, j’ai demandé à Georges Rousse de s’adresser aux Rémois, genre « je vous aime ». Il m’a fixé d’un œil inquisiteur, se demandant le degré de la question. Après un moment de silence et le regard grave, il m’a dit : « Je pense que ce lieu mériterait une destinée digne de cette architecture et de ces volumes exceptionnels. J’aimerais que l’art y soit présent d’une façon permanente et que cela subsiste à mon intervention plus qu’éphémère. »
Je n’en attendais pas moins de sa part. Il est vrai que ce haut lieu de l’architecture art déco risquerait fort de retourner vite à l’anonymat si sa destinée se résumait à y vendre des fruits et légumes. Pour une fois, on ne pourra pas m’accuser d’avoir induit une réponse à ma convenance.
Maintenant, il faut attendre que la nouvelle municipalité entreprenne les travaux de réfection tant espérés..
Umberto Bertozzi
Comuniqué de la municipalité.
Le projet Hall Boulingrin
La Ville de Reims et l’Etat se sont engagés, dans le cadre d’une convention-cadre signée le 13 Avril 2007, à financer conjointement la réhabilitation de ce bâtiment. Les engagements de chacun ont par ailleurs été précisés, notamment le déroulement des études de conception sous la maîtrise d’ouvrage de l’Etat, suivi de la réalisation des travaux sous la maîtrise d’ouvrage de la Ville de Reims.
Le projet de réhabilitation des Halles du Boulingrin est ainsi réalisé afin :
- d'accueillir un marché de détail non sédentaire sous la voûte, destiné aux commerçants alimentaires et fleuristes,
- d'organiser ponctuellement des manifestations sportives, culturelles ou événementielles sous la voûte, soumises aux contraintes acoustiques et thermiques du lieu ainsi qu’aux horaires de montage et de démontage du marché,
- de recevoir des zones d'expositions temporaires sur les mezzanines,
- de proposer à la location des boutiques situées rue du temple à des commerçants permanents.
[1] Reims ville art gothique rayonnant
[2] Une anamorphose est une image déformée qui retrouve ses proportions d'origine quand on la regarde sous un certain angle
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire